Son histoire débute vers l’année 1160.

Elle se rattache à la vie agraire des moines de l’abbaye cistercienne d’Aubepierre, commune de Méasme, fondée le 10 juin 1149.
Parmi les possessions de cette communauté religieuse, désignées sous le nom de « temporel », figurent les terres de Chibert, dans la commune de Glénic; ce domaine est dit « d’une grande étendue, sans qu’on puisse en définir les limites » (Archives Départementales de la Creuse).
Dans ce « temporel », se trouve : « un moulin près de Vaumoins, en aval de Glénic ».

Hélie de Ladapeyre possédait les terrains situés le long de la rive droite de « La Creuse ».
Vers l’an 1200, il donne à l’abbaye : « le terrain nécessaire à la construction d’une écluse pour son moulin ». En 1247, il « renonce à tous les droits qu’il pourrait avoir sur le moulin de Vaumoins, récemment construit sur La Creuse, moyennant une redevance annuelle de 2 setiers de seigle (mesure de Guéret) » (1 setier = 1,20 HL)

En 1324, les religieux d’Aubepierre et les riverains de La Creuse signent une transaction : « autorisant les religieux à appuyer leur barrage sur les prés des riverains ».
Dès lors, les moines de Chibert peuvent fabriquer la farine nécessaire à leur nourriture ; l’exploitation des terres et des bois, ainsi que le jardinage, leur procurent les ressources dont ils ont besoin pour vivre et aider quelques nécessiteux, car eux-mêmes vivaient chichement.
L’importante possession de Chibert était divisée en 2 ou 3 grandes fermes appelées « Granges ».

Pendant 4 siècles, les moines de Chibert vaquent à leurs occupations.
Le moulin de Vaumoins, village où habitait le Prieur, continue à moudre le seigle. Il devient peu à peu  » le moulin de Chibert » ; et l’abbaye de Chibert trouve son identité.

Et tout doucement arrive le 27 février 1744.
A cette date une enquête est ouverte sur « la demande d’autorisation de destruction de l’abbaye d’Aubepierre, avec transport des pierres à la maison départementale de ladite abbaye, sise à Fontgilbert près d’Argenton sur Creuse ».
Les moines cisterciens d’Aubepierre quittent alors la région, laissant à ceux de Chibert la « grange » et le moulin.
La roue du moulin continuera à tourner encore pendant deux siècles et, du moulin sortira la farine que nos chères et vénérées aïeules pétriront dans la huche et transformeront en pain, galettes et gâteaux pour le bonheur de la maisonnée.

Le 23 mars 1782, le moulin sera affermé pour 9 ans, par les moines de Chibert, à Antoine et Annet GODARD (père et fils), demeurant au moulin de Rebeyret, commune de Roches. Deux ans plus tard, le 27 mars 1784, Marie Godart (épouse d’Antoine, née Barcat) décède à l’âge de 45 ans ; Antoine et son fils Annet sont mentionnés « présents » à l’inhumation. Le 1er septembre de la même année, Jean GODART, successeur d’Antoine, décède à son tour. Antoine, le père, reste fermier jusqu’en 1791. Le moulin est alors mis en vente.
Jean et Philippe THOMASSON, propriétaires à Vaumoins, en deviennent copropriétaires.

Sylvain PAROT, puis son fils Léonard, exploitent le moulin jusqu’en 1860.

Enfin, la famille BOURSICOT l’achète à son tour aux héritiers Thomasson ; et le moulin continue à moudre le grain sous la férule de Prosper et de Marie jusqu’en 1932.

Depuis, la roue à aube ne tourne plus ; le moulin à cesser de « ronronner » ; il est devenu « muet », comme l’étaient devenus avant lui : le Moulin de Châtelard, le Moulin des Côtes et le Moulin Neuf ; et comme le deviendront après la dernière guerre, le Moulin de Lavaud et celui de Chanteranne.

Pour nous les riverains de la Creuse, le moulin restera non pas « le moulin de Vaumoins », non pas « le moulin de Chibert » mais : « le moulin de Boursicot » et encore plus familièrement : « le moulin de Prosper » et puis, pour les plus jeunes : « le moulin de Marie ».

Et comme l’a si bien chanté notre regretté René Villelot (René Bugeaud), poète de Bonnavaud (en parlant du Moulin Neuf) :
« mes grandes roues ont disparu,
Ma longue digue est éventrée
Et mon tic tac aussi s’est tu;
Je suis hélas abandonné.
Pourtant, j’étais jadis, un beau moulin
Un beau moulin tout flambant neuf
Et dont les ruines, encore demain,
Seront toujours « Le Moulin Neuf ». »
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Nos moulins ne fabriquent plus de farine ; leur grande roue à aube est devenue silencieuse ; mais, que de souvenirs ne nous ont-ils pas laissés, à nous, qui les avons si bien connus quand nous étions enfants.

auteur : René PRUCHON, 1994